dimanche soir, infusion de romarin
De temps en temps, on arrête de parler de nos livres et on sort mettre les pieds dans l'eau. Ou bien craphuter dans les romarins de la Sainte-Baume. On est rouges, on a chaud, on se met à l'ombre, c'est l'été.
De temps en temps, on recommence à parler inlassablement de nos livres. On a un programme éditorial pour les 120 ans qui viennent. Et l'envie de faire entrer dans la danse des milliers de gens qu'on aime.
Souvent, on se calme. On pense alors aux quelques personnes avec qui on travaille déjà. Ceux qui seront notre suite. C'est parfois difficile de danser avec les autres, on voudrait qu'ils soient avec nous tout le temps, dès le petit-déjeuner quand on a une idée et qu'on veut en parler, on voudrait qu'ils crapahutent avec nous jusqu'au col de l'Espigoulier. Alors on rentre et on fait des mails mais ça ne vibre pas pareil. On est loin, on s'entend mal, la ligne crachouille, on voudrait se téléporter.
De plus en plus, notre petite boîte mail ploie sous les messages. On est veinards, ils sont beaux. Nos petits livres voyagent loin et voyagent bien. On a des échanges incroyables.
Petit à petit, la liste des librairies-amies s'allonge. Deux étages en dessous de chez nous, chez Katia Imbernon, la libraire et éditrice installée au Corbusier. Et à 800 km d'ici, dans la capitale, la librairie Atout-Livre (203 avenue Daumesnil/Paris 12ème).
Après, on s'asseoit face au soleil qui se couche sur la mer. On réfléchit à ce qu'on veut être : responsable ? Du papier recyclé jusqu'aux droits d'auteur, peut-être pas mirobolants mais justes et payés dès le premier exemplaire vendu. On découvre d'autres façons de faire. On se dit que l'on va écrire aussi la charte éditoriale de ce que l'on veut être. On est contents de poser des mots sur ce qui chagrine. On se détend. Le romarin infuse dans l'eau bouillante.
Enfin, c'est dimanche soir. Et moi qui n'aime pas les dimanches, je devrais trouver que ça tombe plutôt bien.