de l'autre côté du jardin
Ce serait long de raconter les trois semaines qui viennent de s'écouler.
L'humeur fut un peu teintée de gris. Un gris éléphantesque, l'humeur pomeloesque [dans "Pomelo s'en va de l'autre côté du jardin", il va sans dire].
Le travail fut constant mais saccadé. Au rythme des humeurs, des autres labeurs. Les finitions n'en finissent pas, je me suis épuisée sur les derniers mètres. A présent, je pose mes hirondelles et des traits de coupe. On sent le vent venir.
Les petits moments beaux ont été savourés. Quelques-uns dans nos vies, quelques autres précieux à l'épic erie. Ils se mêlent alors.
Ce soir, j'ai -tout d'abord- juste envie de parler de la parenthèse enchantée chez les cuistots de l'espace. Depuis, quand j'ai le blues je pense à eux. Je pense à Jean son rôle de passeur qu'il défend, là, tout de brut, d'uppercut et de cash, une littérature à l'estomac (cette révolte lui irait bien), sans fioriture ni faux-semblant ni discours accompagnant. Le livre et les petits yeux plongés dedans. Je pense à Mélanie en relisant mes textes, je sens son regard, exigeant et universel. Je ris de penser à nos chevaliers, qui comme nous, se sont immédiatement trouvés. Je savoure ce qu'on aime en commun, je ricane de ce qui nous agace de concert...
Puis je me tais. La grippe m'attaque, la fièvre monte. Les hirondelles sont cuites.